Marcel Landry, fondateur de Medifice, envisageait depuis plusieurs années un processus de relève, après avoir dirigé et développé l’entreprise pendant plus de 40 ans. En effet, depuis 1976, l’entreprise spécialisée dans la construction et la gestion de bâtiments dans le secteur de la santé avait connu une croissance importante, tout en se distinguant par sa contribution active au développement d'infrastructures de qualité dans la province.
Pour donner suite à une volonté de saisir des occasions sur le marché et de ralentir un peu sa cadence, à l'été 2017, Marcel Landry a décidé de concrétiser son idée. C’est à ce moment-là qu’il a dit aux trois jeunes qu’il avait repérés pour la relève : « Je pense que je suis prêt à vous vendre mon entreprise ».
Bien que les trois se connaissaient très peu, ils partageaient des ambitions similaires qui les rapprochaient. « Nous n’étions pas des amis qui se lançaient en affaires. Nous avions nos chemins de vie en parallèle, notre point commun était que nous connaissions Marcel », se souvient Maxime Di Patria, l’un des trois repreneurs actuellement associé et chef de la direction financière chez Medifice.
Jean-Simon Masse venait du secteur de la construction et avait commencé sur le chantier et occupait maintenant un poste au sein de l’administration. Il travaillait déjà depuis plusieurs années avec Marcel Landry. Frédérick Gariépy avait travaillé plus de dix ans en immobilier et possédait une expérience terrain ainsi qu’une vraie expérience entrepreneuriale. Maxime Di Patria complétait le trio avec une expertise en finance et en investissements après avoir travaillé dans de plus grandes organisations.
« Cela a toujours été la force de Marcel dans toutes les facettes de sa vie, il a voulu aider les jeunes à se développer et à se lancer en affaires. Il s’est dit : Maxime va gérer la finance et les opérations, Jean-Simon s’occupera de la construction, puis Frédérick du développement. Medifice va grandir avec ces trois-là et, moi, je vais pouvoir me retirer tranquillement quand le temps viendra »
Frédérick Gariépy
Associé et vice-président, développement.
Il y avait un autre défi. Il fallait que les trois repreneurs potentiels s’entendent tous afin que la transaction puisse aller de l’avant. « Individuellement, on voulait tous le faire, l’objectif était de voir si nous étions tous alignés, si nous n’avions été que deux, l’équilibre n’aurait pas été le même. Nos discussions n’ont pas porté sur des détails et des pourcentages. Nous avons plutôt discuté des questions telles que : Que veut-on faire dans la vie? Quelles sont nos valeurs? Veut-on faire un profit et vendre dans cinq ans ou veut-on détenir une entreprise pendant 30 ans ? », explique Jean-Simon Masse, associé et vice-président, construction.
« Nous avions tous nos propres ambitions, mais nous nous sommes vite rendu compte que chacun d’entre nous voulait s’investir dans des projets ayant un impact positif dans les communautés, en créant des bâtiments qui améliorent l’offre de services à la population et que, dans dix ans, nous pourrions montrer à nos enfants en leur disant : « Ça, c’est moi qui l’ai fait. », explique Maxime di Patria.
Quelques mois plus tard, la transaction est conclue. Medifice accueille trois nouveaux associés : Jean-Simon Masse devient associé et vice-président, construction, Frédérick Gariépy, associé et vice-président, développement et Maxime Di Patria, associé et chef de la direction financière. Une nouvelle entité est créée afin de gérer la construction, le développement, la gestion de nouveaux projets. Marcel Landry en reste le président avec 50 % des actifs de l’entreprise et les trois nouveaux actionnaires se partagent l’autre 50 %.
Une recette gagnante qui permet à Medifice de croître de façon exponentielle. Dans les sept ans suivant l’arrivée des trois nouveaux associés, le nombre d’employés a été multiplié par cinq et le chiffre d’affaires, par dix.
« Aujourd’hui, nous partageons la direction de Medifice, et je suis fier de constater combien notre collaboration a renforcé notre position sur le marché. Cette décision a permis à Medifice de connaître une expansion considérable, nous permettant de réaliser davantage de projets afin d’offrir plus de services à la population québécoise », explique Marcel Landry, fondateur de Medifice.
Plus de 600 000 personnes vont chercher des services chaque année dans les bâtiments de Medifice.
Un fondateur visionnaire et une relève solide
L’élément clé du succès de Medifice a été son fondateur visionnaire et une approche structurée de l’équipe de relève, complémentaire et soigneusement choisie.
Avec le vieillissement accentué de la population et une cohorte croissante des baby-boomers qui songent à la retraite, un flux constant d’entreprises arrive sur le marché.
Les propriétaires de 9 % des PME au Québec prévoient vendre ou transférer leurs entreprises, selon une étude menée en début du 2024 par le Centre de transfert d’entreprise du Québec. Toutefois, la majorité des propriétaires de PME n’ont pas de plan de relève ni de repreneurs potentiels, ce qui risque de nuire à la pérennité de leurs entreprises ainsi qu’à la croissance de l’économie du Québec.
Chez Medifice, la question de la relève a été abordée très tôt et de manière très stratégique, contrairement à de nombreuses entreprises qui attendent parfois trop tardivement, pensant qu’il ne s'agit pas d’une priorité et courant le risque de se heurter à un mur à escalader. La décision de Marcel Landry de rallier de nouveaux associés n’a pas été prise du jour au lendemain. En 2014, il voyait Medifice prendre de l’ampleur, les projets étaient de plus en plus complexes et il réalisait qu’il avait besoin de soutien.
Devant l’alternative de vendre son entreprise à des intérêts canadiens ou d’essayer de créer sa relève, Marcel Landry choisit la deuxième option. Une option plus compliquée, mais tellement valorisante à long terme.
« J’ai toujours eu à cœur l’avenir de Medifice. C’est dans cette perspective que j’ai choisi de m’entourer de trois jeunes talents rencontrés au long de ma carrière. Vendre mon entreprise n’a jamais été une option. J’ai toujours préféré investir dans la nouvelle génération. J’ai offert à ces jeunes l’occasion de la diriger et de la faire croître. »
Marcel Landry
fondateur, Medifice
« Marcel nous a trouvés, il a vu nos forces et notre complémentarité et il nous a légué l’entreprise dans des conditions très favorables que nous n’aurions pas eues ailleurs. C’est grâce à sa vision que nous sommes ici aujourd’hui », rajoute Maxime Di Patria.
« Au début, on faisait de A à Z toutes les tâches possibles de l’entreprise au meilleur de nos compétences », raconte Maxime Di Patria. « Mais nous savions que nous étions là pour mettre des procédures en place, puis vraiment faire en sorte qu’on se dirige vers une professionnalisation de l’entreprise et une croissance plus accélérée et plus structurée. »
En 2019, le trio de la relève rachète une autre moitié des actions détenues par Marcel Landry et les quatre deviennent des associés à parts égales.
De gauche à droite : Maxime Di Patria, Jean-Simon Masse, Frédérick Gariépy et Marcel Landry.
Gérer les émotions et bien s’entourer
Comme tout processus de relève, la transition chez Medifice n’a pas été sans défis. Le premier, juste après la transaction de 2017, a été de passer d’une entreprise à propriétaire unique à une structure avec quatre actionnaires.
Pour Marcel Landry, il s’agissait d’abandonner une formule où il était le seul à prendre les décisions, et ceci, pendant plus de 40 ans. Pour les trois nouveaux associés, il s’agissait de faire leur marque et gérer la croissance rapide de Medifice, tout en comprenant que le fondateur était en train de lâcher prise.
« En affaires, le travail est difficile jusqu’à une certaine limite, mais c’est la gestion des émotions entre partenaires qui représente le vrai défi », explique Jean-Simon Masse.
« Nous étions quatre identités, quatre parcours différents, qui ne pensions pas la même chose, ne parlions pas de la même façon. Arrimer constamment nos volontés personnelles et professionnelles afin d’avancer ensemble les quatre, cela a été l’un des défis majeurs. »
Maxime Di Patria
associé et chef de la direction financière, Medifice
Les quatre associés ont fait appel à des psychologues industrielles et à des consultants spécialisés en transition qui les ont aidés à gérer le facteur humain et émotionnel de la transition et aussi à se structurer et à définir une mission et une vision très claire pour l’avenir de Medifice.
La plus grande force de l’équipe? « Nous avons toujours mis l’entreprise avant nos besoins particuliers, ce qui fait que nous avons réussi à trouver une approche équitable et respectueuse pour tout le monde afin de surmonter les hauts et les bas », dit Maxime Di Patria. « Nous avons tous appris quelque chose de différent de Marcel. Il est venu nous compléter. Il est notre mentor et notre référence, sur beaucoup d’enjeux, pas seulement les affaires. »
Avoir les mêmes valeurs
Avec un portefeuille de quelques dizaines de bâtiments, Medifice s’occupe de tous les aspects d’un projet allant du financement au développement (conception et design) jusqu’à la construction et la gestion de l’actif immobilier. Cette stratégie permet de garder une vision d’ensemble et d’avoir un plus grand contrôle de la qualité et des coûts.
L’alignement des valeurs entre le fondateur et les trois nouveaux actionnaires – changer les choses, redonner, aider les autres – a été un autre élément clé de la relève.
« Chez Medifice, nous créons des bâtiments qui répondent aux vrais besoins des gens et qui vont améliorer concrètement leur vie. Proposer des projets immobiliers concrets qui améliorent les conditions de vie de nos communautés, c’est vraiment notre raison d’être au quotidien, ce n’est pas juste une belle phrase », explique Frédérick Gariépy.
Un avenir prometteur
Après avoir consolidé sa position de leader dans les centres d’hébergement pour aînés avec soins, l’entreprise a développé de nouveaux créneaux au-delà de sa vocation initiale dans le domaine de la santé. « Nous avons répliqué notre savoir-faire dans l’immobilier de solution. Nous créons des infrastructures sociales pour répondre à des besoins pour des services de base dans les communautés », explique Maxime Di Patria.
Parmi les projets récents de Medifice, on compte le Pôle Santé à Saint-Jérôme, un investissement de plus de 100 M$, qui inclut un complexe médical qui accueillera plus de 150 000 patients par année, un CHSLD de 112 lits, un centre de services ambulatoire de l’Hôpital de Saint-Jérôme et un centre médical spécialisé de sept salles d’opération.
Un autre projet en cours est le Campus universitaire de Terrebonne de l’Université du Québec à Trois-Rivières, projet prévu pour 2025.
Avec des besoins en infrastructures sociales énormes au Québec, Medifice vise à poursuivre sa croissance afin de continuer à jouer son rôle de réaliser ses projets pour aider les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéraux à mieux servir la population. La vision de l’entreprise est d’être le plus important développeur et détenteur d’immeubles à impact positif au Canada d’ici 2040.
« Nous sommes une équipe solide et soudée. Nous poussons tous dans le même sens, ce qui est essentiel. Quand le temps viendra, Marcel pourra se retirer avec la conscience tranquille parce nous continuerons le travail qu’il a commencé tout en gardant intacte la raison d’être de Medifice : améliorer les conditions de vie de nos communautés », conclut Maxime Di Patria.